Noëls de Vaugneray


Ces noëls sont tirés d’une pièce de théâtre inédite, écrite à Vaugneray dans les années 1880-90 : « La Crèche de Vaugneray - Mystère en trois actes et en patois des Monts du Lyonnais »

Les habitants de Vaugneray, témoins de la Nativité, chantent des strophes qui sont intercalées dans la pièce. En voici quelques-unes :

1
[…] ina tropa de petits anges […] criovont la pais su la terra :
Ils voltigeovent su le nioles
Et volovont comme le vint ;
You vètemints etiant blancs comme neige 
Et reluisient pa l’or et pa l’argent.
Y l’ont fait de si bella musique
Que j’en étiens tot aibobis ;
Y entonovont me simble in cantique
Que disait : Gloria in excelsis.
2
[…] yé lo pore Gottabidaud et pu mé aitot que venons
Dir’ina novella
Que vo n’ailllis po intindue,
On vait ou ciel na bella étella
La plus bella, que je n’en jamais vue ;
Et su le nioles on distingovont,
Chantovont de petits éfants,
Dessus lo village y volovont
You concert étié captivants.
3
Si te sayo que de gins
Que sont dija in chemin…
Chocun y porte in présint
Et du millou de son bien ;
Je crais que te fario bien
D’y porto des vétemints.
Chantons bien tous réunés 
Noyé… Noyé…

Me je volo y porto
Na barille de mon vin,
Et in isiau que j’ai tuo
In revenant dou molin,
Ina paire de pios,
Et in panie de gotios
Chantons bien tous réunés 
Noyé… Noyé…
4
Qu’a l’est biau dins la lumierie
Dins cela poura écurie,
Nontron Sauveur et nontron Prince
Quétii couci dessus ce foin,
Lué qu’a de mille de provinces
Est rédué dins n’in petit coi.
Prosternons no et l’adorons
Baisons sou pies et l’honnorons
Comme nontron souverain Maître
Puisque vo veni tchi por no,
Faut être fou ou bien in traitre
D’in aimo in autre que vo.
5
(prière d’une femme malheureuse en ménage)
Petit Roi que vint su terra
Incore que vos n’ayi gein
D’autre train, ni d’autre embarras
Que de bétes et que de fin,
Je veno vos reindre hommageo
Et la paix je vos demindo
Dins nontron ménageo.

 

 

Une troupe de petits anges criaient la paix sur la terre :
Ils voltigeaient sur les nuages
Et volaient comme le vent ;
Leurs vêtements étaient blancs comme neige
Et reluisaient d’or et d’argent.
Ils ont fait de si belle musique
Que nous en étions out ébaubis ;
Ils entonnaient, me semble-t-il, un cantique
Qui disait : Gloria in excelsis.
 
C’est le père Gouttebidaud et moi aussi qui venons
Dire une nouvelle
Que vous n’avez pas entendue.
On voit au ciel une belle étoile,
La plus belle que nous ayons jamais vue;
Et sur les nuages on distinguait 
De petits enfants qui chantaient,
Au-dessus du village ils volaient,
Leur concert était captivant.
 
Si tu savais combien de gens
Sont déjà en chemin…
Chacun lui porte un présent,
Et du meilleur de ce qu’il a ;
Je crois que tu ferais bien
De lui porter des vêtements.
Chantons bien tous réunis
Noël… Noël…

Moi, je veux lui porter
Un tonnelet de mon vin,
Et un oiseau que j’ai tué
En revenant du moulin,
Une paire de petits draps
Et un panier de gâteaux.
Chantons bien tous réunis
Noël… Noël…
 
Qu’il est beau dans la lumière,
Dans cette pauvre étable,
Notre Sauveur et notre Prince
Qui était couché sur ce foin,
Lui qui a des milliers de provinces,
Est réduit à un petit recoin.
Prosternons- nous et adorons-le,
Baisons ses pieds et honorons-le
Comme notre souverain Maître.
Puisque vous venez ici pour nous,
Il faut être fou ou traître
Pour en aimer un autre que vous.
 

Petit Roi qui venez sur terre,
Bien que vous n’ayez point 
D’autre luxe et d’autre embarras
Que de bêtes et que de foin,
Je viens vous rendre hommage,
Et la paix je vous demande
Dans notre ménage.